Porté par les Républicains et soutenu par le Rassemblement National, le texte impose une pause sur le développement des renouvelables, dans l’attente d’une « étude indépendante sur le mix énergétique optimal ». Autrement dit, l’instruction, l’autorisation et le raccordement de tout nouveau projet solaire ou éolien, terrestre ou en mer, est immédiatement suspendu. Le vote solennel – 276 pour, 255 contre – illustre une fracture politique inédite sur l’avenir énergétique du pays.
Les auteurs de l’amendement expliquent vouloir « remettre à plat une politique énergétique déséquilibrée ». Selon eux, le développement massif de l’éolien et du photovoltaïque, poussé par les objectifs européens, s’est fait au détriment des territoires, de l’agriculture, et de la stabilité du réseau électrique. Les élus ruraux dénoncent une artificialisation rampante des sols et une multiplication de projets mal concertés, peu fiables sans stockage massif. Ils militent pour un recentrage sur le nucléaire et les énergies « pilotables ». Le texte veut mettre fin à ce que ses soutiens appellent « l’invasion silencieuse des ENR », jugée opaque et technocratique.
Du côté des professionnels du secteur, la réaction a été immédiate et virulente. France Renouvelables dénonce « un coup d’arrêt brutal » qui menace jusqu’à 130 000 emplois. Pour Daniel Bour, président d’Enerplan, ce vote marque « un basculement dangereux dans la guerre contre le climat ». À leurs côtés, la Fédération des Énergies Renouvelables (SER) parle de « catastrophe industrielle et sociale ».
La tonalité est plus contrastée chez les représentants du monde agricole. La FNSEA et JA, tout en appelant à « une planification responsable de l’agrivoltaïsme », saluent « une prise de conscience des dérives actuelles qui mettent sous pression le foncier agricole et génèrent une fracture rurale croissante ». La coopération agricole se montre, quant à elle, plus réservée : « Une pause peut être utile, à condition qu’elle ne soit pas un prétexte pour enterrer les projets agricoles intégrés, qui permettent de diversifier nos revenus tout en produisant de l’énergie verte », prévient leur président Dominique Chargé.
Dans les territoires, la mesure inquiète aussi les maires ruraux qui comptaient sur les revenus liés à l’éolien pour financer des services publics locaux. L’étude de RTE commandée par le gouvernement, censée éclairer les futurs choix énergétiques, est attendue pour l’automne.
D’ici là, c’est tout un pan de la transition énergétique française qui se retrouve sous cloche, alors que la France est déjà en retard pour atteindre les 42,5 % d’énergies renouvelables d’ici 2030 fixés par l’Union européenne.
Le texte, bien que rejeté en vote final à l’Assemblée dans sa version complète, doit encore faire l’objet d’une deuxième lecture au Sénat, programmée les 8 et 9 juillet 2025. Le sort du moratoire pourrait donc encore évoluer au fil de la navette parlementaire.
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